STOP aux objectifs! Oui, mais lesquels? Il y a ceux qui nous sont fixés par le management dans notre domaine professionnel. Ceux-là font partie du job, ils sont inhérents à l’organisation du travail. Et puis, il y a ceux que nous nous fixons à nous-mêmes, dans notre vie privée ou professionnelle. Or, sur ceux-ci nous pouvons agir et faire baisser la pression.
Pourquoi dire STOP aux objectifs?
Les objectifs sont des images de résultat, de réussite, de progression… que nous projetons sur l’écran de notre futur. Or tant qu’ils ne sont pas atteints, ils mobilisent nos pensées et finissent par créer un trop plein de choses à se souvenir. Notre mental est surchargé et prend une grande partie de notre énergie. Et cette énergie nous manque pour passer à l’action. Alors c’est un cercle vicieux qui s’installe: todo list interminable, « il faudrait que… », « je devrais… », procrastination, démotivation, épuisement, culpabilité…
Une charge mentale épuisante
La charge mentale, c’est quand notre intellect est chargé de trop d’objets mentaux qui l’encombrent, un peu comme une pièce où s’entassent trop de choses. Notamment les todo list, les choses à se souvenir, à faire, les objectifs et les bonnes résolutions qu’on s’est fixés pour la rentrée… Et que nous n’arrivons pas à faire, à terminer. Alors tant que ce n’est pas réalisé, cela reste une charge.
On parle de charge mentale domestique en ce qui concerne la gestion du foyer et de la famille. Mais on parle aussi de charge mentale au travail en ce qui concerne la gestion de sa vie professionnelle.
La charge mentale s’exprime par une liste de pensées au sujet d’objectifs et de choses à réaliser et qui tourne en boucle dans notre esprit. Malheureusement, cette liste de pensées se renouvelle sans cesse, car de nouvelles choses à penser ou à faire remplacent les précédentes. Ainsi: « a-t’on pensé à tout? », « n’a-t’on rien oublié? », « maintenant je peux m’occuper de… » « maintenant j’ai du temps pour… ».
La charge mentale touche les hommes comme les femmes et plus particulièrement ceux qui prennent la responsabilité pour les autres. Les autres se reposent en quelque sorte sur celui-ci (ou celle-ci) et attendent les instructions. Ce rôle de responsable ou de manager implique pour celui qui l’endosse de se soucier de l’ensemble des choses à faire, comme des moindres détails. Ainsi, la charge mentale est liée à une notion de prise de responsabilité sans que ce soit dit. En prenant conscience du rôle que nous prenons et de notre implication, nous pouvons diminuer notre charge mentale.
La carotte et le bâton
Cette expression française qui date de la 2ème moitié du XXème siècle fait référence à l’histoire d’un âne qui n’avance que par l’espoir de la carotte comme récompense, ou par la peur des coups de bâton, comme punition. Or cette métaphore n’est pas très loin de nous.
En effet, l’espoir d’atteindre un résultat-cible est notre carotte. Nous imaginons notre récompense sous forme du plaisir de la réussite ou de l’accomplissement. Et le bâton est de toute évidence, ce que nous nous infligerons si le résultat n’est pas atteint. Cela se passe sous forme de culpabilité, de démotivation, d’auto-dégradation, d’amertume, voire d’angoisse… On va jusqu’à se juger: « je suis vraiment nul », « je n’y arriverais pas »…
On pourrait se consoler en se disant que lorsque l’atteinte du résultat est là, c’est la grande joie. Parfois oui, et l’on se congratule: « c’est vraiment bien ce que j’ai fait », on se mire dans l’activité ou l’objet réalisé. Mais parfois, le projet terminé et l’objectif atteint, ceux-ci perdent leur aura. Sans doute parce que cela aura paru trop facile, trop simple. Ou bien parce que l’imagination a un pouvoir de séduction et d’hypnose tel que toute réalisation paraît fade ensuite.
Bref, nous constatons que notre éducation nous a formaté avec cette double contrainte de la récompense et de la punition. Tellement que nous nous l’appliquons à nous-mêmes. Si nous pouvons prendre conscience de ce phénomène pour chacun de nos objectifs, nous avons alors une possibilité de diminuer la pression.
Comment diminuer la pression
Pour diminuer la pression de la charge mentale et de la haute exigence que nous nous imposons, voyons quelques recettes simples à appliquer sur le moment. Et surtout, pour réduire de façon plus pérenne la pression, voyons comment prendre conscience que cette pression vient de notre comportement et de nos habitudes ancrées fortement.
Agir sur notre comportement
La pression que nous nous imposons vient d’habitudes bien ancrées et de notre comportement. En prenant conscience du rôle que nous prenons, de l’impact de l’imagination et des mécanismes de comportement qui agissent à notre insu, nous pouvons baisser durablement la pression.
- Prendre conscience du rôle « Responsable de ». Ce rôle nous l’avons pris spontanément. Il nous apporte quelques satisfactions comme: se sentir important, avoir une vue globale et contrôler. Cependant il a sa contrepartie: la charge mentale! Alors sommes-nous vraiment prêt à déléguer et perdre une partie du contrôle et de l’image de la personne responsable?
- Percevoir la grande capacité d’hypnose de l’imagination. Quand nous imaginons que nous allons réaliser quelque chose qui nous tient à coeur, nous en imaginons le résultat, la reconnaissance d’autrui et ce que nous imaginons est parfait, sensationnel! Or la réalisation est beaucoup plus concrète et n’a pas le même goût. Est-on prêt à lâcher le rêve pour percevoir l’ampleur de la tâche et ses complications éventuelles?
- Voir à l’oeuvre la double contrainte « récompense/punition ». Ce phénomène nous meut souvent, voire en permanence. Alors détectons comment il agit en sous-marin dans chacune de nos résolutions, de no todo list et des objectifs que nous nous fixons. Quelle est la carotte / récompense que nous espérons? Quel bâton / punition craignons-nous?
Voir aussi le billet « le poids des habitudes: subir ou s’en libérer? »
Quelques actions simples
Par exemple: déléguer une tâche, demander de l’aide sur un point précis ou se décharger complètement d’un projet, négocier les délais, reporter quand c’est possible, prioriser… Dire « non », abandonner l’objectif quand c’est possible, en diminuer l’exigence de perfection.
Se poser quelques minutes et faire le vide en soi, laisser monter les images de choses à faire, ce qui est urgent, important.
Se souvenir du ratio: nous utilisons 20% de notre temps pour 80% de résultat, peut-être est-ce suffisant?
Crédit images: Shutterstock; Iconsphère by Noun Project; Alice Noir by Noun Project
Bonne idée…. 🙂
Et que pensez-vous de: « passer de l’idée à la vie au présent? »
Je me reconnais parfaitement dans les situations exposées et qui engendrent beaucoup de stress lié à la charge mentale et à nos exigences. Je comprends mieux le ‘pourquoi du comment’ et, grâce à cet article très riche, j’entrevois de sérieuses pistes de progrès et d’apaisement! Merci Nathalie pour tes éclairages experts!